Revue de presse Agent Orange – Août 2021
Sélectionnée par Francis Gendreau Séminaire virtuel sur le traitement des conséquences de la guerre au Vietnam 04/08/2021 https://www.lecourrier.vn Le vice-ministre de la Défense, Hoàng Xuân Chiên, et le sénateur américain, Patrick Leahy, ont assisté mardi
Sélectionnée par Francis Gendreau
Séminaire virtuel sur le traitement des conséquences de la guerre au Vietnam
04/08/2021
Le vice-ministre de la Défense, Hoàng Xuân Chiên, et le sénateur américain, Patrick Leahy, ont assisté mardi 3 août à un séminaire virtuel sur le traitement des conséquences de la guerre.
Le séminaire virtuel sur le traitement des conséquences de la guerre, organisé par le United States Institute of Peace (USIP), a réuni des représentants du ministère vietnamien de la Défense ; du Bureau du Comité national de direction du traitement des conséquences des bombes, mines et des produits chimiques toxiques après la guerre au Vietnam (Comité de direction 701) ; du Centre national d’action pour le traitement des produits chimiques toxiques et l’environnement (NACCET) ; des Départements d’État et de la Défense des États-Unis ; de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) au Vietnam; entre autres.
Le sénateur Patrick Leahy, président permanent du Sénat américain, a déclaré apprécier la coopération entre les deux pays au cours de ces derniers temps dans le traitement des conséquences de la guerre. Il a remercié le Vietnam pour ses efforts dans la recherche des soldats américains disparus pendant la guerre. Il a notamment souligné l’importance de la signature par les deux parties d’un protocole d’accord sur la recherche des soldats vietnamiens disparus pendant la guerre lors de la visite au Vietnam du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, le 29 juillet.
De son côté, le général de corps d’armée Hoàng Xuân Chiên, vice-ministre de la Défense, chef de la permanence du Comité de direction 701, a remercié les États-Unis pour avoir mené conjointement de nombreuses actions importantes avec le Vietnam pour traiter les conséquences des bombes, mines, des produits chimiques toxiques/dioxine au Vietnam, ainsi que pour promouvoir la coopération intégrale entre les deux pays.
Il a déclaré apprécier l’engagement des États-Unis à continuer de soutenir la coopération dans le traitement des conséquences de la guerre. Il a émis le souhait de trouver de nouvelles solutions pour promouvoir les activités de coopération et les rendre plus efficaces, afin d’accélérer le traitement des conséquences des bombes, mines et des produits chimiques toxiques/dioxine.
Selon lui, dans l’immédiat, il est nécessaire d’accélérer la décontamination de la dioxine dans l’ensemble de l’aéroport de Biên Hoà au Sud, de mieux assister les victimes vietnamiennes de l’agent orange/dioxine pour qu’elles surmontent leurs douleurs physiques et psychologiques et leurs difficultés dans la vie, de coopérer pour accélérer le déminage au Vietnam en assurant chaque année le traitement de 50.000 à 70.000 ha.
En outre, des représentants vietnamiens ont proposé à la partie américaine de fournir des informations, des documents et des objets liés aux soldats vietnamiens morts ou disparus pendant la guerre, de partager des expériences dans la recherche et l’identification des restes, d’accorder des aides matérielles et techniques au Vietnam… VNA/CVN
Les dessins graphiques sur l’agent orange au Vietnam exposés en France
04/08/2021
Des causes aux séquelles de l’agent orange au Vietnam, de l’assainissement de l’environnement à l’aide aux victimes, tout reflété dans 10 peintures graphiques d’une jeune française d’origine vietnamienne.
Hanoi (VNA) – Illustration du problème de l’agent orange au Vietnam en bandes dessinées, de son histoire d’antan jusqu’à présent, des causes aux conséquences, de la remise en état de l’environnement à l’assistance des victimes, le tout reflété dans 10 peintures graphiques d’une jeune française d’origine vietnamienne, Vo Trâm Anh.
À l’occasion du 60e anniversaire de l’épandage de l’agent orange (AO) au Vietnam (10 août 1961 – 10 août 2021), l’Union des Jeunes Vietnamiens de France (UJVF) en collaboration avec l’association Collectif Vietnam Dioxine a inauguré, le 7 août au siège de l’Union générale des Vietnamiens de France (UGVF) à Paris, une exposition graphique sur l’AO/dioxine, illustrée par l’artiste Trâm Anh. C’est la première fois que ce thème est présenté sous forme bandes dessinées en France.
Par la méthode du récit en dessins animés combiné au graphisme, le jeune artiste Trâm Anh a réussi à recréer la catastrophe de l’AO pendant la guerre au Vietnam. Les terres dévastées, les victimes portant leur propre douleur souffrant d’un corps déformé et handicapé, les luttes pour la justice, ainsi que les soutiens et l’appui des amis français et vietnamiens en France pour soulager la douleur de l’AO, tout est illustré raconté ses œuvres. L’exposition est également l’occasion de présenter des projets de micro-crédit mis en œuvre par l’UJVF pour aider les familles victimes de l’AO dans la province de Quang Binh.
Selon Trâm Anh, l’AO du Vietnam est une question complexe, mais intéressante, sur l’environnement et la société. Raconter une longue histoire d’une manière courte et compréhensive n’est pas facile. Elle a donc choisi des dessins graphiques pour pouvoir résumer l’histoire à travers une narration vive et facile à comprendre, mais porte toujours le message qu’elle veut sensibiliser et attirer l’attention du public, en particulier les jeunes français et Viêt kiêu en France comme elle.
« Je suis né et j’ai grandi en France. Mais quand j’étais petite, mon père journaliste a fait un reportage sur l’AO au Vietnam. Il m’a montré les photos sur les enfants malformés à cause de la dioxine qui m’ont fait choquer. En participant à des activités de soutien aux victimes de l’AO comme dans le cas du procès de Mme Trân Tô Nga, je pense qu’il faut faire quelque chose pour soutenir ces victimes. Depuis lors j’ai décidé de transcrire l’histoire en bandes dessinées pour raconter de manière amicale, familière, avec beaucoup de couleurs, compréhensible et accessible à tout le monde », a confié Trâm Anh.
Durant la réalisation de ce projet, Trâm Anh a reçu la coopération enthousiaste du Collectif Vietnam Dioxine qui lui a fourni les informations pour ce sujet. « Pour commémorer le 60e anniversaire de l’épandage de l’AO au Vietnam, l’UJVF a un projet de micro-crédit visant à aider les victimes au Vietnam dans des régions touchées par l’AO dans ce pays. Dans le cadre de ce projet, il y a une exposition de photos pour raconter la situation de ces familles et expliquer l’AO/dioxine. Mais à cause du Covid, on n’a pas pu aller sur place pour prendre des photos. Donc on a pensé à faire une exposition originale qui s’adresse à tout le public, notamment aux jeunes, et Trâm Anh a accepté de travailler avec nous pour cette exposition », a raconté Vo Dinh Kim, coordinateur de Collectif Vietnam Dioxine et aussi membre du Comité d’organisation de l’exposition.
Il a également fait savoir que les organisateurs avaient profité des plateformes sociales telles que Facebook ou Instagram pour présenter largement l’événement. Le public au Vietnam et dans le monde entier souhaitant accéder l’exposition via Internet, d’ici au 18 septembre, peut contacter les organisateurs par mail contact@vietnamdioxine.org, ou envoyer un message au 33 6 84 01 83 05, ou venir directement à l’exposition au siège de l’UGVF au 18 rue du Petit Musc, 4e arrondissement (Paris).
Les séquelles immesurables
De 1961 à 1971, l’armée américaine a déversé 80 millions de litres de défoliants au Vietnam, lesquels contenaient près de 400 kg de dioxine, l’un des produits toxiques les plus puissants, qui perturbe les fonctions hormonales, immunitaires et reproductives de l’organisme.
Soixante ans plus tard, les symptômes liés à la dioxine sont toujours présents au Vietnam. On constate aujourd’hui qu’il reste une quantité non négligeable de dioxine dans certaines zones très localisées. Plus de 4,8 millions de Vietnamiens ont été directement exposés aux herbicides, dont 3 millions en subissent encore les séquelles. Aujourd’hui arrive la quatrième génération et les dégâts sanitaires sont toujours là : malformations, dépressions cérébrales, maladies de peau, cancers, déficience du système nerveux ou cérébrale… Les dommages causés à la santé, à l’environnement et à la société sont immesurables.
Chaque année, l’État vietnamien dépense plus de 10.000 milliards de dôngs pour subventionner, et prendre soins de santé des victimes de l’agent orange, et soutenir des zones en difficulté particulière. Dans le processus de surmonter les conséquences de la guerre en général et de la guerre chimique en particulier, le peuple vietnamien a reçu un soutien et une assistance considérables de la part des peuples du monde et des amis internationaux.
En France, depuis de années, les associations comme l’UGVF, l’UJVF, l’Association d’Amitié France-Vietnam, le Collectif Vietnam Dioxine… organisent de nombreuses activités pour venir en aide aux victimes de l’agent orange au Vietnam, soutenir la lutte pour la justice dont notamment le procès de Mme Trân Tô Nga, une Vietnamienne résidant en France, victime de l’agent orange, qui a porté plainte contre 26 entreprises chimiques fournisseuse des herbicides à l’armée américaine pendant la guerre. – CVN/VNA
« Nous voulons briser le silence sur les conséquences de l’agent orange au Vietnam »
10/08/2021
Soixante ans après le début des épandages massifs par l’armée américaine de l’herbicide, les conséquences en sont encore présentes, souligne, dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités mobilisées pour faire sortir ce crime de l’oubli, qui demande l’instauration d’une journée officielle de commémoration des victimes.
Tribune. Il y a des drames qui tombent dans l’oubli ; des histoires qui, à force de rester dans l’ombre, s’éteignent avec les individus qui les portent.
Il y a soixante ans, le 10 août 1961, débutaient les premiers épandages d’agent orange, un puissant herbicide contenant de la dioxine, substance à l’origine de nombreux cas de cancers et de malformations à la naissance.
Cet herbicide a été déversé sur la partie sud du Vietnam par l’armée des Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam, afin de détruire le couvert végétal et débusquer, ainsi, les résistants vietnamiens qui s’y réfugiaient.
Il y a soixante ans, l’histoire de cette guerre commençait à peine à s’écrire, mais que nous reste-t-il de ce récit ? Nous, citoyens d’un pays, la France, qui a colonisé le Vietnam à partir de l’année 1858, qui a recruté de force des « soldats ouvriers » (les « Linh Tho » lors de la première guerre mondiale, puis les « Cong Binh », durant la seconde) ; qui, au sortir de la deuxième guerre mondiale, lui a refusé l’indépendance en combattant celles et ceux qui luttaient pour ce droit inaliénable, et qui depuis 1975, a accueilli des centaines de milliers de Vietnamiens sur son sol, que savons-nous de leur histoire ?
Dans les livres d’histoire-géographie, au collège et au lycée, la guerre du Vietnam est évoquée. On y apprend qu’elle débute en 1955 et oppose, d’une part, la République démocratique du Vietnam (Nord Vietnam) avec son armée populaire vietnamienne – soutenue matériellement par l’Union soviétique et la Chine – alliée au Front national de libération du Sud (appelé Vietcong par ses ennemis) et, d’autre part, la République du Vietnam (Sud Vietnam), soutenue par l’armée des Etats-Unis et plusieurs alliés comme le Canada, l’Australie, la Corée du Sud et les Philippines.
L’illusion d’une guerre lointaine
L’enseignement se contente aujourd’hui de balayer les grandes lignes, en omettant les conséquences désastreuses – et pourtant terriblement actuelles – de la guerre sur les écosystèmes et les habitants. Il omet aussi, bien trop souvent, d’appuyer la différence entre le napalm et l’agent orange, dont les Français ne discernent pas toujours la nature, sans doute à cause de l’absence à l’époque de représentations des ravages causés par l’agent orange et du cliché, devenu célèbre, d’une enfant vietnamienne brûlée au napalm en 1972.
Mais surtout, il nous donne l’illusion d’une guerre lointaine, passée. Pourtant cette guerre, pour les anciens combattants et leur descendance, est loin d’être derrière eux, loin de se taire, au contraire. Insidieuse, elle s’insère encore dans les corps ; meurtrière, elle continue de semer la mort et le désespoir dans les familles – qui y voient, en plus, un signe de punition. Le Vietnam et sa population se sont habitués à ces visages, à ces corps tortueux, handicapés… tant dans les provinces d’Hanoi que dans le sud du pays. C’est dans un terrible silence, que ces vies passent, parfois sans même avoir eu connaissance des conséquences des épandages. Et c’est ce terrible silence que nous souhaitons définitivement briser. Car ces victimes, malades d’un passé qu’elles n’ont pas vécu, dont elles ne sont pas responsables, subissent de nombreuses peines : l’absence de reconnaissance juridique dans leur pays et à l’international – contrairement aux vétérans américains –, des conditions matérielles insuffisantes et une quasi-absence de commémoration à l’international, pourtant si nécessaire à la reconstruction d’un peuple, à sa mémoire. Ce travail manque, au Vietnam comme dans les pays où les récits nationaux se sont mêlés, et se mêlent encore via les diasporas. Les associations sur place, chargées d’identifier les lignées de famille potentiellement touchées, rencontrent toujours, aujourd’hui, une grande difficulté à identifier les personnes les plus vulnérables qui se cachent par honte des malheurs qu’elles pensent porter, et par manque d’informations dans leur pays d’origine ou d’accueil.
C’est pourquoi nous demandons, au nom du Collectif Vietnam-Dioxine, aux parlementaires français de participer à la réparation de l’injustice subie par l’ensemble des victimes de l’agent orange, en considérant ce crime, commis au Vietnam et dans les pays voisins, comme au Cambodge et au Laos. Nous demandons l’instauration d’une journée officielle de commémoration des victimes de l’agent orange, ainsi qu’une meilleure prise en compte, dans l’enseignement scolaire, des incidences de la Guerre du Vietnam sur les populations et l’ensemble des écosystèmes.
Nous continuerons, de notre côté, à nous mobiliser, et à participer à l’effort de mémoire du Vietnam, pays dont le cri, étouffé sous l’embargo et l’impérialisme des États-Unis, commence à peine à se faire entendre. Nous appelons, enfin, l’appui et le soutien de la communauté internationale, car la paix n’est pas seulement un mot, ni même un état d’esprit, et ce combat pour le surgissement du possible, n’est pas seulement un espoir, c’est aussi un travail collectif.
Le Collectif Vietnam-Dioxine
Dioxine: Quelle justice pour les victimes ?
10/08/2021
Lan Diêp
Ce mardi 10 août, le Vietnam commémore le 60e anniversaire du désastre orange.
Il y a 60 ans, jour pour jour, l’armée américaine larguait sur la province de Kon Tum (Hauts plateaux du Centre) des centaines de tonnes de dioxine, également connue sous le nom de l’agent orange, donnant le coup d’envoi à la pire guerre chimique du 20e siècle, qu’elle refuse néanmoins de reconnaître. 4,8 millions de Vietnamiens ont été exposés à cette substance hautement toxique et cancérigène. Plus de trois millions d’entre eux en ont été les victimes directes.
De 1961 à 1971, les Américains ont déversé sur le Vietnam 80 millions de litres d’herbicides toxiques, dont 61% étaient de la dioxine, sur une superficie estimée à 3,06 millions de hectares. Pour les personnes éprises de justice et croyant à l’intégrité du droit international, cette action n’est autre qu’un acte de guerre chimique dont les effets se poursuivent encore de nos jours.
Une quête de justice…
En 2004, l’Association des victimes de l’agent orange du Vietnam intente, aux États-Unis, un procès contre les firmes chimiques américaines ayant fabriqué la dioxine en vue d’obtenir réparation pour les victimes vietnamiennes. Pendant 5 ans, les tribunaux de première instance, deuxième instance et la Cour suprême déboutent successivement l’association. Ils prétendent que la dioxine n’est pas un poison, mais un simple défoliant.
En mai 2009, Trân Tô Nga, une ressortissante française d’origine vietnamienne victime de la dioxine, intente une action en justice en France contre vingt-six sociétés chimiques américaines pour faire reconnaître les droits des cinq millions de victimes vietnamiennes.
Malgré la difficulté du combat qu’elle mène depuis plus de 10 ans, Trân Tô Nga ne perd pas espoir.
« Je souffre moi-même de nombreuses maladies dérivées de l’agent orange. Il y a des moments où je me sens fatiguée, mais la conscience ne me permet pas de m’arrêter. Je vais donc aller jusqu’au bout », a-t-elle déclaré.
En solidarité avec Trân Tô Nga, en 2021, la société Duong Sach de Hô Chi Minh-ville, la maison d’édition Tre (Jeune) et le journal Tuôi Tre (Jeunesse) ont lancé la campagne « Le procès orange – la quête de la justice pour les victimes » invitant le public à soutenir cette lutte.
« Soutenus par des institutions et des particuliers, nous poursuivons la lutte pour demander réparation pour les victimes. Nous réclamons des sociétés américaines qui ont fabriqué ce défoliant toxique qu’elles dédommagent les victimes vietnamiennes. Nous accompagnerons également Trân Tô Nga dans son procès », a précisé le général Nguyên Van Rinh, président de l’Association des victimes de l’agent orange du Vietnam.
… soutenue par la communauté internationale
Le combat juridique mené par Trân Tô Nga depuis 10 ans est suivi dans le monde entier et plusieurs hommes politiques français étaient présents lors de sa comparution devant le tribunal français le 25 janvier 2021.
Aux États-Unis, de nombreuses personnes et institutions éprises de paix ont apporté leur soutien aux victimes vietnamiennes. En 2009, le Conseil mondial de la paix a décidé de décréter le 10 août Journée pour les victimes de la dioxine vietnamiennes. Les 15 et 16 mai 2009, l’Association internationale des juristes démocrates (AIJD) a convoqué à Paris un tribunal international d’opinion à l’encontre de trente-sept sociétés ayant fourni à l’armée américaine des substances toxiques pendant la guerre du Vietnam. De nombreuses autres organisations internationales, dont le Mouvement national de Lutte pour l’Environnement (MNLE) de France, ont organisé des forums pour soutenir les victimes vietnamiennes.
« La dioxine représente l’une des pires catastrophes pour l’humanité et pour l’environnement. Le Mouvement national de Lutte pour l’Environnement soutient naturellement nos amis vietnamiens », a déclaré un membre du mouvement.
Personne ne peut plus ignorer les conséquences tragiques de la dioxine sur la santé humaine. Plusieurs décennies après le 10 août 1961, les États-Unis ont finalement accepté de dialoguer avec le Vietnam sur l’agent orange. Aujourd’hui, Washington finance des opérations de dépollution de l’aéroport de Da-Nang, l’un des trente-trois endroits les plus contaminés à la dioxine. Depuis 2019, l’Agence américaine pour le développement international et le Centre d’action national de résolution des conséquences des agents chimiques toxiques dirigent un programme d’assistance à destination de 100.000 handicapés de huit provinces vietnamiennes.
Si les États-Unis ont commencé à réparer les dommages qu’ils ont causés, les victimes vietnamiennes de la dioxine méritent un dédommagement à la hauteur de leur souffrance.
Lan Diêp
“Agent orange” : 60 ans après, n’oublions pas. Pour Tran To Nga et toutes les victimes !
10/08/2021
Communiqué du SNJ-CGT
Le secrétaire général du SNJ-CGT, Emmanuel Vire, a signé une tribune publiée dans le journal Le Monde, soixante ans après le premier épandage de l’agent orange (lire ici).
Parmi les trois millions de victimes de l’agent orange, au Vietnam, au Cambodge et au Laos, une franco-vietnamienne, résidente en France, fait le choix de se battre pour obtenir justice. Tran To Nga était journaliste pendant la guerre du Vietnam. Pour Giai Phong, une agence de presse du Nord Vietnam, elle couvrait le conflit directement sur le front, du côté du Front National de Libération du Sud, dans la jungle, là où les avions américains ont largement arrosé les forêts afin d’y déloger les combattants. C’est en exerçant ses activités de journaliste, pour informer sur la réalité du conflit, les exactions militaires et l’avancée de ceux qu’on appelait les vietcongs, qu’elle a été exposée à l’agent orange. Les conséquences pour la santé de Tran To Nga et pour ses enfants sont dramatiques.
Tran To Nga était journaliste pendant la guerre du Vietnam. C’est en informant sur la réalité du conflit qu’elle a été exposée à l’agent orange.
En 2014, cette ancienne reportrice assigne en justice des sociétés agrochimiques, dont les puissantes Dow Chemical et Bayer Monsanto, qui ont conçu pour l’armée américaine l’agent orange. En mai 2021, le tribunal d’Evry s’est déclaré incompétent pour juger cette plainte. Tran To Nga fait appel.
Le SNJ-CGT soutient le combat de Tran To Nga et du collectif Vietnam Dioxine (voir ici le site du collectif, son compte Twitter et son compte Facebook). Nous nous associons à la demande des différents signataires de la tribune d’obtenir la reconnaissance de ce crime et la possibilité de commémorer les victimes.
Au Vietnam, les corps et les écosystèmes ont été ravagés par le défoliant. Il s’agit là du premier écocide, qui s’est attaqué à l’ensemble du vivant, y compris aux militaires américains et aux journalistes qui ont couvert ce conflit.
Au Vietnam, les corps et les écosystèmes ont été ravagés par le défoliant. Il s’agit là du premier écocide, qui s’est attaqué à l’ensemble du vivant, y compris aux militaires américains et aux journalistes qui ont couvert ce conflit, qui à l’époque prend une dimension exceptionnelle en partie grâce à la couverture médiatique dont il est l’objet. Nous nous souvenons des photographies et des récits ramenés par les reporters. Nous nous souvenons du rôle essentiel et démocratique joué par les journalistes et notamment les photographes. Nous nous souvenons de leur impact dans la société, de la prise de conscience collective provoquée par les informations ramenées par la presse. Ces journalistes avaient à l’époque participé à briser le silence et l’omerta autour des guerres coloniales.
135 journalistes ont perdu la vie en couvrant ce conflit. Et comme ces journalistes ont brisé le silence autour des ravages de la guerre, nous souhaitons nous aussi briser le silence autour des conséquences, soixante ans après, pour les survivants et leurs descendants.
La guerre du Vietnam était l’un des premiers conflits médiatisés à travers le monde à faire l’objet d’une opposition massive, tant dans les rues françaises qu’américaines. Une partie de ce mouvement pacifiste s’était alors appuyée sur le travail de la presse. A l’époque, 135 journalistes ont perdu la vie en couvrant ce conflit. Et comme ces journalistes ont brisé le silence autour des ravages de la guerre, nous souhaitons nous aussi briser le silence autour des conséquences, soixante ans après, pour les survivants et leurs descendants.
Malheureusement, les usages des substances chimiques et des crimes de guerre ne relèvent pas du passé. Aujourd’hui encore, les journalistes qui couvrent les conflits sont l’objet, comme Tran To Nga il y a soixante ans, d’attaques militaires, parfois chimiques.
Lors du procès au tribunal d’Evry, des avocats de la défense ont plaidé que la journaliste présente sur le front connaissait les risques et devait donc en assumer les conséquences. Quel niveau de cynisme amène des multinationales à penser qu’il est normal que les journalistes soient des dommages collatéraux ? Qu’en suivant les combattants vietnamiens Tran To Nga devait accepter d’être une cible de l’herbicide ?
Encore aujourd’hui, des reporters sur le terrain se retrouvent exposés à des produits toxiques, notamment des industries agrochimiques, cancérigènes, mortels.
Encore aujourd’hui, des reporters sur le terrain se retrouvent exposés à des produits toxiques, notamment des industries agrochimiques, cancérigènes, mortels. Ces produits, comme l’agent orange, causent des dégâts irrémédiables sur les espèces vivantes et l’environnement. En reconnaissant le crime de l’agent orange, il est possible d’ouvrir la voie pour tous les combats contre les écocides de l’agrochimie et l’interdiction des produits toxiques.
C’est pourquoi les enjeux du procès de Tran To Nga face aux multinationales sont cruciaux et le SNJ-CGT suivra attentivement son évolution.