“Nous n’abandonnons pas le combat ! Nous vous invitons à nous rejoindre”.

C’est la déclaration de M^me Nicole Duchet Trampoglieri, présidente du Comité Choisy-le-Roi – Val de Marne, dépendant de l’Association d’amitié France-Vietnam (AAFV), organisateur du ciné-débat sur le film documentaire intitulé “Agent Orange – Une bombe à retardement”, qui s’est tenu le 10/02/2022 au cinéma Paul Eluard.

La projection a attiré un grand nombre de spectateurs. L’ambassadeur du Vietnam en France Dinh Toan Thang et le maire de Choisy-le-Roi, Tonino Panetta, ont assisté à l’événement. Le film, réalisé par Hô Thuy Tiên et Laurent Lindebrings en 2013, a été suivi par la rencontre avec Trân Tô Nga, une Viêt kiêu, victime de l’Agent orange et auteur du livre Ma terre empoisonnée.

À cette occasion, le Comité de l’AAFV de Choisy-le-Roi a appelé aux dons pour soutenir les victimes de l’agent orange/dioxine au Vietnam, en exprimant sa solidarité avec M^me Trân Tô Nga dans son procès contre les entreprises multinationales qui fabriquaient et fournissaient des herbicides à l’armée américaine pendant la guerre.

Prenant la parole à cet événement, l’ambassadeur vietnamien en France Dinh Toan Thang a exprimé ses remerciements pour les soutiens que la ville de Choisy-le-Roi et le comité municipal de l’AAFV ont apportés au peuple vietnamien et en particulier aux victimes de l’agent orange/dioxine. Il a affirmé que l’aide et la solidarité des amis français contribueraient à soulager la « douleur orange » des victimes et à renforcer leur détermination dans la lutte pour la justice.

Selon le maire Tonino Panetta, la projection du film vise à rendre hommage au combat judiciaire de Trân Tô Nga et constitue aussi une preuve de soutien que la ville de Choisy-le-Roi veut lui apporter, ainsi qu’aux victimes de l’agent orange au Vietnam. “À travers cet événement, je voulais aussi faire comprendre aux habitants de la ville que la guerre n’est jamais une solution. Qu’on soit vainqueur ou vaincu, à la fin d’une guerre, il y a toujours une tragédie. Au Vietnam, c’est la tragédie de l’agent orange”, a-t-il insisté.

Pour M^me Nicole Duchet Trampoglieri, la projection du film vise à “faire connaitre à la population de Choisy une cause qu’elle ne connait pas nécessairement, surtout chez les jeunes”. “Si le gouvernement américain pouvait reconnaître sa responsabilité et ses devoirs vis-à-vis des Vietnamiens, ce serait vraiment une grande victoire. Elle n’est pas encore acquise, mais on continue à se battre et on y croit”, a-t-elle insisté.

La bataille continue 

Après la projection du film, le public a écouté les partages de M^me Trân Tô Nga sur la douleur physique et mentale qu’elle a subie au cours d’un demi-siècle, son parcours ardu pour demander la justice pour elle et pour les victimes de l’agent orange/dioxine, ainsi que les contributions et soutiens considérables qu’elle a reçus et reçoit encore dans cette lutte.

En 2014, M^me Trân Tô Nga, une française d’origine vietnamienne qui travaillait comme correspondante de guerre dans le Sud du Vietnam pendant la guerre, a intenté un procès contre les multinationales qui produisaient et fournissaient des herbicides à l’armée américaine pendant la guerre, notamment la firme agrochimique Monsanto – Bayer. Le 10 mai 2021, le tribunal d’Evry a rendu son verdict, en jugeant qu’il n’est pas « compétent ». Avec détermination, Trân Tô Nga a immédiatement donné instruction à ses avocats de faire appel de la décision rendue. 

Parlant de son projet à venir, elle a exprimé son souhait de mobiliser de dons pour construire des centres de formation professionnelle destinés aux enfants handicapés des victimes de l’agent orange, d’abord dans les hauts plateaux du Centre Vietnam afin que ces infortunés puissent avoir des emplois pour gagner leur vie eux-mêmes. Cette femme octogénaire a partagé : “Si la poursuite du procès est le dernier combat de ma vie, la construction de ces centres est le dernier rêve que je voudrais réaliser.”

En France, depuis de nombreuses années, des associations comme l’Union des Vietnamienne de France (UGVF), l’Union des jeunes vietnamiens de France (UJVF), l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne (AAFV), le Collectif Vietnam Dioxine… organisent de nombreuses activités actions concrètes pour aider les victimes de l’Agent orange/dioxine au Vietnam, soutenir la lutte des victimes pour la justice, dont le procès de Mme Tran To Nga contre les firmes américaines.

Au cours des 60 dernières années, les séquelles de ce poison mortel sont toujours présentes dans le sol, dans l’eau et sur les êtres humains au Vietnam.

A ce jour, il y a encore une grande quantité de dioxine dans certaines régions, affectant l’environnement, les terres et les ressources en eau.

Les séquelles de l’agent orange/dioxine sont transmises de génération en génération et ont touché plus de 4,8 millions de Vietnamiens. Les dommages sur la santé, l’environnement et la société en général sont incommensurables.

Chaque année, l’État du Vietnam dépense plus de 10 000 milliards de VND (400 millions d’€) pour subventionner, fournir des soins de santé et de réadaptation aux victimes de l’agent orange/dioxine, et soutenir les zones confrontées à des difficultés particulières en raison des effets graves de ces herbicides.