Le Vietnam vise la neutralité carbone en 2050, un engagement et un défi historiques
Le dérèglement climatique constitue une véritable menace à laquelle nous devons faire face. Le Vietnam en a conscience et prend les mesures nécessaires à la fois pour s'adapter aux nouveaux risques et atteindre la neutralité
Le dérèglement climatique constitue une véritable menace à laquelle nous devons faire face. Le Vietnam en a conscience et prend les mesures nécessaires à la fois pour s’adapter aux nouveaux risques et atteindre la neutralité carbone dès 2050.
Le 1er novembre 2021, le Premier ministre Pham Minh Chinh a assisté à l’ouverture de la 26e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) à Glasgow, au Royaume-Uni. Dans son discours prononcé à cette occasion, le chef du gouvernement vietnamien a insisté sur le fait que « les phénomènes météorologiques extrêmes et l’élévation du niveau de la mer touchent gravement la sécurité alimentaire, l’approvisionnement en eau, le développement durable et menacent la survie de nombreux pays et communautés. Cet avertissement de la nature nous oblige à agir fortement et immédiatement à l’échelle globale ».
Une approche globale
« Face à cette question mondiale qui concerne tous les habitants de la planète, il nous faut adopter une approche globale », a-t-il déclaré, avant de transmettre trois messages principaux à la communauté internationale.
Premièrement, la réponse aux changements climatiques et la restauration de la nature doivent être la priorité dans toutes les décisions liées au développement, et devenir la norme éthique la plus élevée de toutes les administrations, toutes les entreprises et tous les habitants. Les sciences et technologies doivent agir comme de véritables boussoles et les ressources financières doivent devenir le levier qui permettra l’avènement d’une économie verte, circulaire, durable, inclusive et humaniste. Toutes nos actions doivent se baser sur le respect de la nature et se concentrer sur l’être humain qui est l’acteur et même le moteur du développement durable, au sein duquel personne ne doit être laissé pour compte.
Deuxièmement, tous les pays doivent s’engager plus fermement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, sur le principe des responsabilités communes mais en adéquation avec la condition, le contexte et les capacités de chaque pays.
Troisièmement, le financement climatique, le transfert de technologies et le renforcement des capacités sont essentiels à la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Les pays développés, qui ont eu des émissions élevées dans le passé pour atteindre leur prospérité actuelle, doivent remplir leurs engagements financiers existants et se projeter vers des objectifs financiers encore plus ambitieux pour la période après 2025.
M. Pham Minh Chinh a réaffirmé la ferme ambition du Vietnam de renforcer sa coopération avec ses partenaires internationaux dans des projets de développement durable.
Zéro émission nette de carbone d’ici 2050
Bien que le Vietnam soit un pays en développement qui ne s’industrialise que depuis trois décennies, il construira un plan ambitieux et s’engagera à mettre en œuvre des mesures efficaces afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Grâce au développement des ressources financières et technologiques ainsi qu’au soutien international, le Vietnam s’engage à atteindre l’objectif de zéro émission nette de carbone d’ici 2050.
D’après le Conseil mondial de l’énergie éolienne (Global Wind Energy Council – GWEC), pour obtenir zéro émission nette, le développement des énergies renouvelables comme éolien, solaire ou hydraulique doivent devenir la priorité.
En particulier, l’éolien offshore apparaît pour le Vietnam comme une ressource pleine de potentiel. Dans sa Planification de l’électricité VIII, le pays compte élever la production de l’énergie éolienne à 10 GW pour faire de cette ressource un pilier du système d’électricité national.
Selon une récente étude menée par des experts internationaux du Programme de recherche sur les énergies renouvelables de l’Université nationale australienne, du Centre de l’énergie de l’ASEAN, de l’Institut diplomatique norvégien et de l’Université nationale d’économie de Hanoï, la part du solaire et de l’éolien dans la production énergétique du Vietnam en 2020 était beaucoup plus élevée que la moyenne d’Asie-Pacifique et aussi du monde.
L’étude a aussi montré que la production d’énergie solaire et éolienne du Vietnam était passée de 4,7 TWh en 2019 à 9,5 TWh en 2020, soit une augmentation de plus de 200%. Depuis 2019, le Vietnam a dépassé la Thaïlande pour devenir le premier pays au sein de l’ASEAN en matière de développement du solaire et de l’éolien.
Au total, plus de 100.000 panneaux photovoltaïques ont été installés en 2019 sur les toits des particuliers, à travers le pays. La capacité du parc solaire du Vietnam a atteint environ 16.500 MW fin de 2020. Ce chiffre dépasse de loin l’objectif fixé par le gouvernement en 2016 (850 MW), approchant même l’objectif prévu de 18.600 MW d’ici 2030.
Toujours selon l’étude, en 2020, la croissance annuelle de la capacité éolienne du Vietnam est de 70%, alors même que les autres pays de l’ASEAN stagnent dans ce domaine.
Le Vietnam est également le pays ayant le plan de développement de l’énergie éolienne le plus ambitieux de l’ASEAN, avec un objectif prévu de 11.800 MW d’ici 2025. Les objectifs de la Thaïlande et des Philippines sont respectivement de seulement 3.000 MW en 2036 et 2.378 MW en 2030.
Entre janvier et août 2021, 24 fermes éoliennes ont commencé leurs activités commerciales avec une capacité totale de 963 MW, selon l’opérateur national Electricity of Vietnam (EVN).
Cette capacité de 963 MW représente 17 % de la totalité des projets qui devaient commencer leur activité en 2021. Pour mémoire, 106 projets éoliens cumulant une capacité de 5 655,5 MW se sont enregistrés pour un raccordement au réseau national.
Avec la double contrainte de l’augmentation du niveau de vie (et donc de la consommation d’énergie) et de l’urgence climatique, imposant de décarboner le secteur, le Vietnam vit donc une véritable révolution énergétique. En effet, entre 1990 et 2018, la consommation intérieure d’énergie primaire du pays a progressé en moyenne de 5,6 % par an, la consommation d’électricité de 13,9 % et les émissions de CO2 liées à l’énergie de 9,7 %.
En 2018, plus de 80 % de la production d’énergie primaire du pays était assuré par des combustibles fossiles, dont 44 % pour le seul charbon.
Par ailleurs, après avoir renoncé à développer un programme nucléaire civil, en projet au milieu des années 2010, le gouvernement a ainsi renforcé le développement de l’hydro-électricité, historiquement puissante au Vietnam : de 27 TWh annuel en 2010, la production a atteint les 90 TWh en 2019, soit le 13ème marché mondial, avec 1,2 % de la production mondiale.