par Nguyen Dac Nhu-Mai

Ce samedi 13 mai 2023, une centaine de Viêt kiều et d’ami-e-s, sont venus revivre la journée du 27 janvier 1973. Sur les pans des murs de l’UGVF au 16 rue du Petit Musc 75004 Paris, sont collées des photos des Parisiens, des Viêt Kiêu de toutes les villes de France, rassemblés devant l’Avenue Kléber à Paris pour acclamer la sortie des délégués entre autres, Mme Nguyen Thi Binh, MM. Xuan Thuy, Vo Van Sung. Nos enfants, Hà (8 ans), Minh (6 ans) couraient rejoindre Hao Nhiên, Hong Anh, Mong Diep et leurs amis.

C’était l’euphorie !

Lorsque Nhân, Président de l’UGVF a pris la parole en ce samedi 13 mai pour présenter l’exposition des souvenirs et les photos des archives de l’UGVF rassemblées par Minh et Thuy An, nous étions plongés vers ce temps-là ! Les paroles de bienvenue, en vietnamien de Hong Anh sonnaient les tons, les inflexions et les modulations de nos enfants des classes de vietnamien des thiêu nhi de l’époque avec des enseignants comme les scientifiques de l’Université d’Orsay, bac Dông et chu Tuong dévoués et déterminés à leur donner l’envie de parler comme leurs grands-parents et parents !

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Oui, en ces temps-là, au Vietnam, ce fut la guerre non déclarée déclenchée par les États-Unis d’Amérique et leurs alliés du sud Vietnam, le gouvernement de Nguyen Van Thiêu…La démesure de l’armada américaine avec l’arrosage de l’agent orange/dioxine au centre et au sud, de 1961 à 1971 par les C123 ;

Puis, fin décembre 1972, le monde entier avait les yeux tournés vers les villes de Haiphong et Hanoi bombardées par les B52 pendant 12 jours et 12 nuits (du 18 au 30/12/1972). Nous n’oublierons pas l’énergie déployée par Raymond Aubrac qui avait fait de multiples voyages entre Paris et Washington pour « raisonner les américains » à « ne pas faire revenir le Nord Vietnam à l’époque de l’âge de pierre » (R. Nixon). La défense anti-aérienne vietnamienne, à l’étonnement de tous les observateurs, avait abattu des dizaines et des dizaines de B52 et avions de chasse américains. Ce qui obligeait les Etats-Unis à revenir à la table de négociations pour enfin, signer les Accords de Paris.

Lorsque j’ai pris la parole pour présenter les trois livres concernant le Vietnam, j’ai été très émue de rencontrer les regards attentifs de la salle et surtout de la presse et la radio du Vietnam à Paris.

Le livre d’Alain Ruscio qui sera sorti le 8 juin en librairie raconte Marseille Une histoire humaine à l’ère coloniale. L’auteur s’intéresse, non pas aux institutions, mais aux êtres humains qui ont participé à la colonisation, les uns habitent en Provence et à Marseille, les autres en Indochine qui comptait le Cambodge, le Laos, et les « trois pays » du Vietnam (une colonie, la Cochinchine, et deux protectorats, l’Annam et le Tonkin) (1).

Le livre des 3 cascadeurs. Le Việt-Cộng au sommet de Notre-Dame – par Bernard Bachelard, Noé Graff, et Olivier Parriaux – chez les éditions Favre, décrit une action militante forte, et revient sur toute l’histoire de la guerre du Vietnam, en images par le biais de ce témoignage exclusif et explosif. Les auteurs ont été les trois vaudois jusqu’ici non identifiés ni même mouchardés qui déployèrent le drapeau du FNL à la croix sommitale de la flèche de Notre-Dame de Paris dans la nuit du 18 janvier 1969, à l’ouverture des négociations quadripartites sur le Vietnam (2).

Enfin, ma traduction du vietnamien en français de « La campagne Ho chi Minh au cœur de Paris » par Vo Van Sung (1), reflète les émotions que j’ai eues à ne rien laisser au hasard mais mieux à raconter les inédits, ce qui n’a pas pu être archivé. Dans cette narration des mémoires de Vo Van Sung, les moments clés ont été : 1961-1971 l’épandage de l’Agent Orange au sud et au centre du Vietnam ; entre 1966 et 1973 des bombardements eurent lieu au Nord Vietnam ; 1973, les Accords de Paris ; puis et surtout 1975, la libération du Sud Vietnam vue de l’intérieur du front diplomatique à Paris (3).

Pourquoi la France ?

Il y a eu un apport positif des hommes politiques français tels que le général de Gaulle, qui a prononcé à Phnom Penh, le 1er septembre 1966, un discours resté célèbre. Dans ce discours, le Général réaffirmait le soutien de la France au Cambodge, et exprimait son point de vue, concernant des événements qui se sont déroulés ensuite, sur la Guerre du Vietnam. Les 3 points proposés par le général de Gaulle : les USA devraient retirer leurs troupes du sud Vietnam ; Neutraliser le sud ; Établir entre le nord et le sud des relations économiques et culturelles.

Le 21/01/1966 la lettre du président Ho Chi Minh demandait à 66 chefs d’états de soutenir le Vietnam. Par ailleurs, le 1/10/1971 le président Pompidou dénonçait le bombardement du nord Vietnam par l’aviation américaine et le 18/01/1972 à Tokyo, Maurice Schuman critiquait l’escalade américaine.

Reconnaissance GRP : Le Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud Vietnam (GRP) est le gouvernement fondé le 6 Juin 1969 par le Front national de libération du Sud Vietnam (FNL) avec les forces progressistes au Sud Vietnam pour administrer les territoires sous son contrôle durant la guerre du Vietnam Il fut le gouvernement de l’ensemble du Sud-Vietnam après la chute de Saïgon le 30 avril 1975, jusqu’au 2 juillet 1976, date de la réunification officielle entre Sud-Vietnam et Nord-Vietnam. Il a tout de suite été reconnu par 23 pays dont l’Algérie, Cuba, la Yougoslavie, la Roumanie, la Hongrie, la Pologne, la Corée du Nord, la RDA, le Congo, le Brésil, le Bénin, le Portugal, Madagascar…, puis accepté à la conférence des Droits de l’homme à Genève. Huỳnh Tấn Phát a été nommé Président et Mme Nguyễn Thị Bình, Ministre des Affaires Étrangères a représenté le GRP aux négociations des Accords de Paris en 1973.

Les Accords de Paris : Paris a été le centre névralgique du front diplomatique. Le 3 mai 1968 s’est tenue la première réunion entre les USA et la RDV. Les pourparlers ont duré cinq longues années. Les accords de paix de Paris de 1973 ont été signés le 27 janvier 1973, au 19 Avenue Kléber, dans les anciens bureaux du ministère français des affaires étrangères, pour tenter de mettre fin à la guerre du Vietnam. Ils ont été conclus entre les États-Unis et la République démocratique du Vietnam (Nord Vietnam), la République du Vietnam (Sud Vietnam) et le Gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud Vietnam (GRP).. Ils ont avalisé le désengagement militaire américain et ouvert la voie à l’offensive finale et l’effondrement du gouvernement pro-américain au Sud Vietnam de mars-avril 1975. Lê Đức Thọ et Henry Kissinger reçurent le prix Nobel de la paix en 1973. Lê Đức Thọ le refusa.

Réorganiser nos forces : A Paris, la délégation générale de la RDV devint ambassade et Vo Van Sung nommé Ambassadeur. Le bureau d’information du GRP a été formé.

Sur le terrain la guerre a continué au sud avecles combats dus à la vietnamisation », politique de Nixon pour continuer la guerre en remplaçant le « sang américain par le sang vietnamien ».

A Paris, il a fallu réorganiser nos forces et construire l’ambassade du Vietnam à Paris à la rue Boileau. Il a fallu aussi toute l’ampleur des relations personnelles de Vo Van Sung auprès de François Missoffe pour l’achat du terrain et construire avec l’architecte Vo Thành Nghia et les Viet Kiêu bénévoles l’ambassade qui a été inaugurée par le P.M. Pham Van Dong le 29/04/1977.

A la fin de ma traduction il y a la liste des médaillés vietnamiens en 2001 et les notes de la traductrice avec les interventions d’Hélène Luc, Sénatrice honoraire et présidente d’honneur de l’AAFV ; du regretté Louis Luc, maire de Choisy-Le-Roi de 1979 jusqu’à sa mort en 1996 ; du regretté Dr. Louis Reymondon, Chirurgien honoraire des Hôpitaux, Président de ViêtnAmitié, Membre de l’Ordre de l’Amitié de la RSVN ; de Francis Gendreau, Président de l’AAFV de 2002 à 2007, Secrétaire du Comité pour la coopération scientifique et technique avec le Vietnam de 2009 à 2016 ; du regretté Huynh Huu Nghiêp, Ancien conseiller de l’ambassade de la RSVN ; Nguyên Quang Tiên, Membre du comité directeur de l’UGVF et Nguyen Khac Nhân, Président de l’Association des Vietnamiens de l’Isère-Grenoble.

Je remercie vivement chacune et chacun et en particulier, Olivier Do Ngoc Dung, Consul Honoraire du Luxembourg à TPHCM, la famille de chi Hông, l’AAFV,  l’UGVF,  M. Jack Lang, notre invité surprise, la presse et la radio du Vietnam ainsi que les amis et artistes pour le concert qui a suivi le repas des retrouvailles. Ah, le joli mois de mai 2023 au siège de l’UGVF !*

 Nguyen Dac Nhu-Mai

*Voir le lien : https://www.ugvf.org/expositions/

Notes

(1) https://www.lesindessavantes.com/ouvrage/marseille-la-provence-et-lindochine/

(2) https://www.editionsfavre.com/livres/le-vietcong-au-sommet-de-notre-dame/

(3) voir aussi Vo Van Sung — Wikipédia (wikipedia.org) ; En poste à Paris, Vo Van Sung fut en première ligne pour observer et analyser les évènements. Il prit part aux pourparlers secrets entre Lê Đức Tho (1) et Kissinger (2) de 1971 à 1973 en tant que représentant de la République démocratique du Vietnam (RDV), et fut l’un des cinq membres de sa délégation à la signature des Accords de Paris du 27 janvier 1973. Dès que furent rétablies les relations diplomatiques entre la France et le Vietnam, en avril 1973, Vo Van Sung occupa le poste d’ambassadeur à Paris, qu’il conserva en 1981. In

https://fr.vietnamplus.vn/la-campagne-ho-chi-minh-au-c%C5%93ur-de-paris-sort-en-librairie/136772.vnp