Le RHUM, produit encore rare au Vietnam
La « distillerie Indochine » est un commerce de rhum ouvert par Antoine Poircuitte dans la région du Quang Nam. L’entrepreneur français raconte comment il s’est implanté au Vietnam, un pays où la culture de la canne à
La « distillerie Indochine » est un commerce de rhum ouvert par Antoine Poircuitte dans la région du Quang Nam. L’entrepreneur français raconte comment il s’est implanté au Vietnam, un pays où la culture de la canne à sucre est importante et où le monde de la mixologie trouve de plus en plus une place.
Face à la mer, dans la ville d’Hoi An, la distillerie Indochine est un lieu unique dans le pays. L’entreprise est tenue par Antoine, un Français amoureux de la technique de la distillerie depuis qu’il est tout petit. Après avoir travaillé dans le monde des vins et spiritueux, l’idée de mettre sur pied une fabrique d’alcool a pris petit à petit forme grâce à des voyages et des rencontres, pour finalement atterrir au Vietnam. Pourquoi ce choix ? Selon la presse locale, le Vietnam est le 14e producteur mondial de sucre de canne. L’ambition du gouvernement est d’atteindre 4,5 millions de tonnes de sucre par an en 2030.
La production de rhum encore méconnue au Vietnam
Le secteur agricole de la canne à sucre s’oriente principalement vers la production de mélasse pour les aliments des animaux, de pâtisseries industrielles. Mais la culture du rhum est encore méconnue. Cette opportunité commerciale a poussé Antoine à se lancer :
“En regardant de plus près, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de production de rhum, ni de pur jus de canne au Vietnam alors qu’il y a beaucoup de cannes à sucre et de grande qualité. (…) L’eau d’irrigation des champs est également très pure. Tout est fait à la main sans pesticides et sans chimie, un point d’orgue pour la distillerie ; nous souhaitons produire des rhums naturels et organiques, même si nous n’avons pas encore la certification.”
L’organisation d’un tel commerce n’est pas facile. En effet, pour obtenir un produit de qualité, il y a régulièrement des prélèvements de sol et des analyses de canne à sucre. De plus, le rhum n’est pas encore démocratisé au Vietnam, contrairement à l’alcool de riz. Antoine Poircuitte fait face à une batterie de démarches administratives à suivre. Il doit – entre autres – obtenir des licences de production spécifique ou encore un certificat sanitaire, validé par le département de la santé alimentaire.
« Et puis il y un long processus de suivi et de contrôle qui s’applique en raison l’importation d’équipements parfois nouveaux pour les douanes vietnamiennes comme les colonnes de distillation » précise l’entrepreneur.
Le Vietnam, un marché très intéressant pour le rhum
Mais, malgré ses différents obstacles à surpasser, le Vietnam représente une cible commerciale intéressante : en 2018, les jeunes vietnamiens (âgés de 16 à 30 ans) sont 23,3 millions, soit 24,6% de la population du pays, estimée à 95 millions. Cette jeunesse est une cible potentielle pour Antoine Poircuitte, qui constate un intérêt croissant pour la culture du craft distillerie, du bar standing, ou bien de la mixologie. “Il y a de plus en plus des bars à cocktails qui se créent à Hô Chi Minh et Hanoï, et même à Da Nang. Donc cela nous aide beaucoup, car la mixologie aide à promouvoir notre alcool. Le rhum blanc est une base géniale pour travailler les cocktails. (…) Par ailleurs, nous travaillons avec des restaurants et des hôtels obligés de proposer 40% à 60% de consommables en provenance du pays. Cela nous aide pour percer sur le marché vietnamien.”.
Après avoir lancé sa production en 2018 et ouvert son commerce le 31 mars 2019, Antoine Poircuitte a subi de plein fouet la pandémie, fermant ses portes, comme beaucoup de commerçants dans le monde… Aujourd’hui, l’entrepreneur-distillateur se relève doucement et les mesures protectionnistes instaurées par le gouvernement vietnamien sont une aide très précieuse pour son activité. Sa production est estimée entre 50.000 et 70.000 bouteilles par an.