Quelques réflexions à l’occasion du 105ème anniversaire de la création du Groupe des patriotes annamites
« Groupe des patriotes annamites en France » fondé par Nguyen Tat Thanh à Paris en 1919, organisation prédécesseure de l'UGVF d’aujourd'hui
Il y a 5 ans, à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance du « Groupe des patriotes annamites en France » fondé par Nguyen Tat Thanh à Paris en 1919, organisation prédécesseure de l’UGVF d’aujourd’hui, de nombreux événements ont eu lieu , notamment le meeting solennel au Palais de la Mutualité dans le 5e arrondissement de Paris, regroupant plus d’un millier de personnes de toutes générations, des personnes âgées venues en France dans les années 1940, des étudiants du Sud Vietnam dans les années 1960, ceux arrivés après 1975, des étudiants des générations 9X et 10X et des enfants nés et élevés en France. A cette occasion, l’UGVF a également lancé le livre de plus de 500 pages « Un siècle – Un itinéraire 1919 – 2019 » résumant l’histoire du mouvement patriotique vietnamien en France pendant 100 ans (toujours disponible à ceux ou celles qui sont intéressés – contacter UGVF 0142723944).
1-Attachement au pays
Le poète Nguyen Du a écrit « Cent ans dans le monde humain, nous nous détestons entre talent et destin » pour ouvrir l’histoire de Kieu. En parlant de l’UG, permettez-moi de corriger que « Cent ans dans le monde humain, les mots amour et destin sont intelligemment associés », cet amour est l’attachement à la patrie et le destin est la mission envers sa patrie que se donne tout enfant vivant à l’étranger. Si vous aimez votre pays, vous ne pouvez pas simplement en parler, mais vous devez faire quelque chose, aussi petite soit-elle, qui soit utile au pays que vous aimez. L’histoire du mouvement patriotique en France, dont l’UG, a été ainsi. A chaque étape de l’histoire, l’UG a toujours été au côté du Vietnam et s’est fixé les tâches clés suivantes :
* période avant 1954 : bien qu’interdite par les autorités françaises, l’UGVF avait toujours des activités contre la politique coloniale au Vietnam, en soutenant le Viet Minh et le président Ho Chi Minh ;
* période de division du pays en deux et guerre contre les Etats-Unis 1954 – 1975 : tout pour l’unification nationale (manifestations contre la guerre, aide aux deux délégations du Nord Vietnam et du Front à la table des négociations de Paris, don de soutien financier et matériel, ouverture du « Fonds anti-américain pour sauver le pays », envoi de médicaments, de matériels médicaux, etc.) ;
* période d’après-guerre, le pays étant dans une situation extrêmement difficile (1975-1990) : l’UGVF a contribué à redresser l’économie du pays (création d’entreprises d’import-export pour acheminer les produits vietnamiens vers le marché français, envoi de biens essentiels vers le Vietnam, envoi de cadeaux familiaux, etc.) ;
* période de reconstruction et de développement progressif du pays à partir de 1994 : apport en matière grise (envoi d’experts dans de nombreux domaines au Vietnam, participation à des projets scientifiques, etc.). On peut dire sincèrement qu’au début, cela a bien fonctionné ; au nom de l’UG, de nombreux groupes d’ingénieurs et de médecins ont mené des projets de coopération avec leurs collègues au Vietnam. Mais avec le temps, cette mission s’est déplacée vers l’initiative personnelle.
Dans la période actuelle, où le pays s’ouvre de plus en plus au monde, où l’objectif principal est de faire du Vietnam un pays riche et prospère, les questions économiques sont au premier rang des priorités. Je suis très heureux de lire des informations sur telle ou telle délégation vietnamienne qui se rend en France pour explorer le marché ou signer des contrats avec des partenaires français. Il s’agit d’une énorme contribution de l’Ambassade et du Bureau commercial du Vietnam en France. Je vois aussi que de plus en plus de produits vietnamiens sont vendus dans les grands et petits supermarchés, asiatiques et français.
Quant à la communauté vietnamienne à l’étranger en général, d’après ce que je comprends, l’État vietnamien prône :
– Consolider et promouvoir la solidarité au sein de la communauté dans différents domaines.
– Contribuer à promouvoir les relations de coopération et d’amitié entre le Vietnam et le pays hôte.
– Contribuer activement au développement du pays, en renforçant la coopération dans les domaines du commerce, de l’investissement, de la culture, de l’éducation, de la science, de la technologie et de l’humanitaire.
– Présenter le Vietnam aux amis, transmettre les points de vue du gouvernement vietnamien sur les questions internationales et nationales, contribuer à protéger la souveraineté territoriale « à distance » (problème de la Mer de l’Est).
Alors, que doit faire l’UG, quelles tâches devraient-elle se fixer ?
2. Evolution et besoin de changement
On peut dire qu’avec les objectifs et actions ci-dessus, l’UG a pu compter dans ses rangs des centaines d’adhérents avec des milliers de sympathisants répartis dans les provinces et villes de France et jouit de la confiance de la communauté vietnamienne de France. C’est pourquoi, aujourd’hui, sans être arrogant, je pense que l’UG est la seule association en France à pouvoir organiser la Fête de la Mi-Automne et le Nouvel An lunaire rassemblant plusieurs milliers de personnes.
Au fil du temps, et c’est la règle, les gens des générations nées dans les années 1930 et 1940 sont progressivement décédés. Ceux des années 1950 – 1960 ont atteint un âge avancé. La composition de l’UG change également : les deuxième et troisième générations prennent la relève. Comme la plupart d’entre eux ont grandi en France, cette génération a le point de vue des Vietnamiens qui ont deux patries, la France où elle est née et a grandi, et le Vietnam où leurs parents et grands-parents sont enracinés. Parmi eux, peu savent parler et écrire le vietnamien, ce qui entrave la communication lors de leur voyage au Vietnam ou la découverte du Vietnam à travers les médias ou les journaux en vietnamien. Ils ont une manière de voir, de penser et de travailler différente de celle de la génération de leurs ainés qui avaient vécu au Vietnam. Mais à la fin, c’est toujours vers la patrie ancestrale qui guide leurs actions. Parallèlement, ils participent également à des organisations internationales qui mènent des actions caritatives pour différents peuples du monde (comme le fait actuellement l’UJVF).
Dans l’UG, il y avait aussi ceux qui sont arrivés en France à partir des années 1980. Beaucoup étaient encore jeunes à la fin de la guerre. Et ils ont traversé une période d’après-guerre extrêmement difficile. Aujourd’hui, ils ne posent pas la question de « patriotisme » mais de « solidarité avec les concitoyens du pays ». Ils aspirent de faire quelque chose pour aider la population de là-bas (en particulier ceux qui rencontrent des difficultés dans la vie). Lors de deux appels aux dons (de 2019 à 2024), la section Ve Nguon de l’UG a attiré des centaines de donateurs et a envoyé au Vietnam un montant d’environ 2 milliards de dongs pour construire de nouvelles salles de classe et du matériel éducatif pour les petits enfants.
En même temps, pour eux, le mot « compatriotes » ne se limite pas seulement au Vietnam mais englobe aussi « nos compatriotes » en France. C’est pourquoi ils sont également très enthousiastes à l’idée d’assumer la responsabilité de continuer à s’occuper de l’école de langue vietnamienne, une tradition de longue date de l’UG depuis les années 1960. A ce jour, l’école a enseigné le vietnamien à des centaines d’enfants et à leurs parents français.
L’UG possède deux points forts.
-Premièrement, elle une histoire centenaire d’attachement au pays, de génération en génération, nous sommes volontaires et nous ne demandons aucun profit pour nous-mêmes.
-Deuxièmement, l’UG occupe une position importante au sein de la communauté vietnamienne en France et jouit également d’un grand prestige auprès des amis français et des autorités françaises.
À mon avis, avec ce que nous avons fait et bien fait, je pense que la mission de l’UG dans l’avenir est :
– Promouvoir davantage les activités de la section Về Nguồn en termes de contributions bénévoles au Vietnam. Le succès des deux dernières contributions a prouvé que : la réputation de l’UG et la confiance des amis français ainsi que de la communauté est la garantie de « donner de l’argent » à la bonne adresse et répond aux attentes des bienfaiteurs.
– Outre l’école de langue vietnamienne, l’UG devrait également réfléchir à d’autres orientations pour aider la communauté en matière de culture, de divertissement et dans la vie quotidienne. Par exemple, pendant la période Covid, nous avons l’initiative d’organiser des aides à domicile pour les personnes âgées…, de nombreuses personnes extérieures à l’UG se sont inscrites comme bénévoles.
– Nouer davantage les relations avec les organisations amies comme l’UEVF, le groupe Cánh Diều. Dans les faits, elles sont déjà une force logistique importante lors de grands événements de l’UG.
– Être attaché à ses racines est intrinsèquement l’aspiration naturelle des expatriés. À partir des années 2000, une série d’autres associations vietnamiennes voient le jour en France, du fait de la politique d’ouverture du gouvernement vietnamien considérant les communautés vietnamiennes à l’étranger comme une partie indissociable de la nation. De manière générale, la communauté vietnamienne de France s’est créée l’image d’une communauté diversifiée et riche, avec des manières uniques à chaque association d’œuvrer en faveur de la patrie. Depuis de nombreuses sessions, le Congrès national de l’UG a toujours proposé dans ses Résolutions « Valoriser le potentiel de la communauté vietnamienne de France en développant des partenariats avec des associations amies dans leurs actions et activités ». Je pense que l’UG doit aller de l’avant pour créer des relations avec ces différentes associations en France sur la base de l’égalité et du respect mutuel.
– Avec le boom médiatique 4.0, le site Internet ugvf.com doit de donner pour mission d’apporter des informations correctes sur la situation du Vietnam car il y a trop d’informations confuses à la télévision ou sur les plateformes sociales. La partie en français est également importante pour nos amis français et pour les deuxième et troisième générations de la communauté. Si je ne me trompe pas, notre site est probablement unique en son genre, car je ne connais aucune autre association vietnamienne à l’étranger qui en possède un. Le site peut également diffuser des annonces gratuites pour les établissements commerciaux de particuliers vietnamiens (restaurants, épiceries, pharmacies, cabinets médicaux…).
Voici quelques réflexions éparses et -subjectives- que je me permet de soumettre à lUG .
La vie est un flux sans fin qui ne s’arrête jamais. L’histoire de l’UG a connu bien des hauts et des bas, parfois des chutes douloureuses comme dans les années 1990, mais de génération en génération, nous avons tenus et sommes fiers d’appartenir à une association fondée par le jeune Nguyen Ai Quoc – Ho Chi Minh et notre relation plus que fraternelle avec le Vietnam a été bien longue et pleine d’émotions. Essayons encore et toujours de l’entretenir.
Phạm Nguyên Thy