RELATIONS FRANCE-VIETNAM VUES PAR L’AMBASSADEUR FRANÇAIS A HANOI
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“La France est aux côtés du Vietnam pour renforcer la relation politique, accompagner le développement du Vietnam, faire face ensemble aux défis auxquels nous sommes confrontés”, a souligné l’ambassadeur de France au Vietnam, Nicolas Warnery, dans son interview accordé au Journal « Nhân Dân » à l’occasion du Têt du Tigre 2022.
Les relations entre la France et le Vietnam sont historiques et solides. Pourriez-vous présenter les réalisations les plus marquantes de la coopération entre la France et le Vietnam ces derniers temps ?
La France et le Vietnam partagent une histoire très particulière, marquée par un siècle de colonisation et une guerre de décolonisation qui reste dans les mémoires. Nos deux pays ont tiré les enseignements de cette période de l’histoire et fait ensemble le choix remarquable, sur la base de cet héritage partagé, de construire une relation solide fondée sur des liens profonds entre nos deux peuples. Depuis, la France est aux côtés du Vietnam pour renforcer la relation politique, accompagner le développement du Vietnam, faire face ensemble aux défis auxquels nous sommes confrontés, du changement climatique aux pandémies, et rapprocher encore nos deux peuples.
La France est un partenaire stratégique du Vietnam depuis 2013 – c’est un partenariat qui s’appuie sur des consultations régulières entre nos deux pays, mais aussi sur des coopérations exceptionnellement denses et très concrètes dans un très grand nombre de domaines, au bénéfice de nos deux pays, de la culture à la sécurité en passant par la santé ou la francophonie. Quatre réalisations marquantes récentes me viennent à l’esprit pour montrer la force et la diversité de notre partenariat :
D’abord, le métro de Hanoï, dont nous souhaitons le faire entrer en service cette année. Avec d’importants financements français et en mobilisant les entreprises de pointes françaises comme Alstom ou Thalès, il apportera aux Hanoïennes et Hanoïens un mode de transport plus sûr et moins polluant.
Ensuite, la coopération face au COVID-19, qui montre bien que nos échanges sont à deux sens, avec les dons de masques du Vietnam à la France en 2020, au moment où nous en avions le plus besoin, et les dons de vaccins de la France au Vietnam, deux millions de doses en 2021 et des nouveaux dons attendus en 2022.
La coopération dans le domaine des énergies renouvelables avec le nouveau financement octroyé par l’Agence française de développement pour étendre le barrage hydroélectrique de Hoa Binh et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre dans la production électrique.
Enfin, nous avons aussi de belles coopérations dans le domaine des sciences et technologies, à l’image de l’accord signé en novembre 2021 entre l’Académie des sciences et technologies du Vietnam, le centre national d’études spatiales français et Airbus dans le domaine spatial.
La visite du Premier ministre vietnamien en France, en novembre 2021 – sa première visite officielle bilatérale à l’étranger depuis son entrée en fonction, ce qui témoigne de l’importance que le Vietnam accorde à sa relation bilatérale avec la France a permis avec succès de faire progresser de nombreux dossiers bilatéraux. L’accueil réservé au Premier ministre, qui a pu s’entretenir avec les quatre plus hauts responsables politiques français, montre bien toute l’importance qu’a le Vietnam, partenaire stratégique et pays ami dans la région indopacifique, aux yeux de la France.
L’année 2021 est marquée par la visite du Premier ministre vietnamien en France du 3 au 5 novembre. Dans le cadre de cette visite, la France et le Vietnam ont rendu une déclaration conjointe. Pourriez-vous présenter les significations de cette déclaration ?
La déclaration conjointe adoptée lors de la visite du Premier ministre témoigne à la fois de l’exceptionnelle densité de nos relations, et de la diversité des sujets sur lesquels nous souhaitons continuer à travailler.
Tout d’abord, cette déclaration rappelle certains des grands repères et des principes que la France et le Vietnam ont en commun, comme l’attachement au droit international, au multilatéralisme et au développement durable. Ces principes sont au cœur de la stratégie indopacifique adoptée par la France et qui guide son engagement dans la région, ainsi que de la stratégie indopacifique de l’Union européenne. Je me félicite que la déclaration fasse référence à ces deux stratégies et au document de référence de l’ASEAN, l’ASEAN Indo-Pacific Outlook. Alors que la France a pris la présidence du Conseil de l’Union européenne au début du mois, la déclaration conjointe fait aussi référence à l’importance de la relation UE – ASEAN.
Ensuite, tous les grands aspects de la relation bilatérale sont abordés par la déclaration, qui met en lumière les réalisations récentes et donne des directives claires pour continuer de renforcer notre partenariat dans la santé, face au changement climatique, dans la culture et l’enseignement du français, sur les questions de gouvernance, dans les sciences et technologies, ainsi que dans les domaines de la défense et la sécurité. La déclaration compte également une dimension économique, en rappelant l’importance d’une mise en œuvre complète et rapide de l’accord de libre-échange UE – Vietnam et en donnant des orientations sur divers grands projets en cours – le métro de Hanoï, notamment. Par ailleurs, elle n’oublie pas les échanges humains qui nourrissent nos relations bilatérales au quotidien : touristes, étudiants, enseignants, chercheurs, artistes, personnels soignants, stagiaires et volontaires internationaux, experts et hommes et femmes d’affaires…
Enfin, dans la continuité des trois dernières décennies, notre partenariat a vocation à continuer de se renforcer et de s’approfondir. Cette déclaration énonce clairement le souhait conjoint au plus haut niveau de franchir une nouvelle étape du partenariat franco-vietnamien dans des secteurs structurants de haute technologie à caractère stratégique, dans la perspective de rehaussement de leur niveau de partenariat, comme par exemple dans le domaine satellitaire. Alors que la France et le Vietnam célèbrent cette année le 30e anniversaire de leur coopération de défense, et dans le contexte de l’engagement croissant de la France en tant que puissance de la zone indopacifique, le renforcement de notre partenariat pourra contribuer à la paix et à la stabilité dans la région.
C’est une déclaration importante, qui montre le souhait au plus haut niveau de poursuivre le rapprochement de nos deux pays, qui partagent tant, et qui nous sert de feuille de route pour les années à venir.
La coopération dans le domaine culturel et particulièrement celui de la conservation du patrimoine constitue une caractéristique dans les relations franco-vietnamiennes. Pourriez-vous faire savoir les activités menées dans la coopération patrimoniale entre la France et le Vietnam ces derniers temps ?
La coopération culturelle est un des axes structurants de nos relations. La France dispose d’une expertise spécifique dans les secteurs des musées et du patrimoine, grâce à la précocité de sa politique patrimoniale, son expérience en gestion de sites (parmi les 12 sites culturels les plus visités au monde, cinq sont en France), et la renommée de ses musées – dont le Louvre, le musée le plus fréquenté du monde. Ces dernières années, la France s’est fortement impliquée dans un projet de revalorisation du patrimoine muséographique vietnamien, qui a permis à des équipes d’experts issus des plus grands musées français de développer des coopérations fructueuses avec plusieurs institutions vietnamiennes, comme le Musée d’ethnographie du Vietnam à Hanoï, le Musée de sculptures Cham de Dà Nang (Centre), ou encore le Musée de Dak Lak sur les hauts plateaux du Centre.
Parallèlement, plusieurs collectivités territoriales françaises se sont investies dans le domaine de la coopération patrimoniale : la Région Île-de-France en lien par exemple avec le Centre de conservation du patrimoine de Thang Long -Hanoï, la Région Nouvelle Aquitaine à Huê et Lào Cai (tourisme, muséographie…), la ville de Toulouse à Hanoï – qui bénéficie de l’appui de l’Agence française de développement pour le projet “Préservation, gestion et valorisation des sites patrimoniaux urbains emblématiques et archéologiques”,…
Récemment, la France, aux côtés de ses partenaires vietnamiens et européens, s’est également engagée dans une réflexion sur la transformation des patrimoines industriels, dans l’objectif d’en faire de nouveaux espaces culturels et créatifs. Enfin, un projet français de coopération dans le secteur des patrimoines est actuellement en préparation ; il concernera plus précisément la formation des professionnels vietnamiens des secteurs du patrimoine culturel et naturel, le développement des filières universitaires dans les “métiers des musées” au Vietnam, et l’aide à la conception et la réalisation de projets locaux, emblématiques de la protection et de la valorisation des patrimoines.
La France a réalisé plusieurs projets avec le Vietnam dans le domaine de la mobilité urbaine. Un des plus importants projets est la ligne 3 du métro de Hanoï. Pourriez-vous indiquer un peu plus sur les soutiens de la France pour ce projet ainsi que sur l’avancement du projet ?
L’apport de la France au projet de ligne 3 du métro de Hanoï est double :
– en mobilisant le meilleur de l’expertise française dans le domaine du transport ferroviaire, nous proposons à la population de Hanoï un moyen de transport sûr, efficace et respectueux de l’environnement. Le projet associe en effet de nombreuses entreprises françaises – Alstom, Colas Rail, Thalès, Systra, Apave, RATP Smart System – entreprises, dont le savoir-faire technique et l’expertise sont internationalement reconnus.
– en apportant un soutien financier majeur de la part de la France, du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, à travers la Direction générale du Trésor, et de l’Agence française de développement, aux côtés de la Banque européenne d’investissement et la Banque asiatique de développement. Ce soutien s’inscrit pleinement dans la stratégie de la France en faveur de la lutte contre le changement climatique. Ce projet de métro doit permettre d’économiser 20.000 tonnes équivalent CO2 d’émissions de gaz à effet de serre par an et contribue ainsi à la lutte contre le changement climatique, une priorité de la France.
À l’occasion du déplacement en France du Premier ministre vietnamien en novembre, le caractère prioritaire de ce projet a été rappelé à plusieurs reprises lors des entretiens entre nos dirigeants. La déclaration conjointe signée à l’issue de cette visite fixe pour objectif l’ouverture du tronçon aérien d’ici fin 2022. C’est un engagement pris au plus haut niveau. Nous devons tous être mobilisés au cours des prochains mois et tout mettre en œuvre, conformément aux engagements pris dans la déclaration conjointe, quel que soit notre rôle, responsables publics et entreprises vietnamiennes et étrangères, pour atteindre cet objectif. Aujourd’hui le tronçon aérien est réalisé à 95%. En revanche, le dépôt est très en retard et c’est là que doit porter l’effort en priorité. Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer sur un projet aussi emblématique
Pour célébrer les 50 ans des relations diplomatiques entre la France et le Vietnam en 2023, quelles activités envisagera l’ambassade de France en 2022 pour préparer cet événement important ?
La France et le Vietnam célébreront en effet en avril 2023 le 50e anniversaire de leurs relations diplomatiques ainsi que le 10e anniversaire de notre partenariat stratégique. Même si les relations, les échanges, les influences réciproques entre la France et le Vietnam sont bien plus anciens que 1973, et structurent l’histoire de nos deux pays, cet anniversaire permettra de témoigner du chemin parcouru et de donner une nouvelle impulsion pour les prochaines décennies.
Nous travaillons actuellement à préparer cet événement important, et nous échangerons prochainement avec nos collègues vietnamiens pour faire de cet anniversaire une grande fête en commun.