Revue de presse Agent orange / Juin 2022
Sélectionnée par Francis Gendreau Evaluer les résultats de traitement de la dioxine à l'aéroport de Bien Hoa 15/06/2022 https://fr.vietnamplus.vn Un séminaire pour faire le bilan des tests de technologies de traitement de la dioxine à l'aéroport de Bien Hoa
Sélectionnée par Francis Gendreau
Evaluer les résultats de traitement de la dioxine à l’aéroport de Bien Hoa
15/06/2022
Un séminaire pour faire le bilan des tests de technologies de traitement de la dioxine à l’aéroport de Bien Hoa menés par NACCET et le groupe belge Haemers a eu lieu le 15 juin à Hanoi.
Hanoi (VNA) – Un séminaire pour faire le bilan des tests de technologies de traitement de la dioxine à l’aéroport de Bien Hoa menés par le Centre d’action national pour régler les conséquences des produits chimiques toxiques et de l’environnement (NACCET) relevant de l’Armée chimique du ministère de la Défense et le groupe belge Haemers a eu lieu le 15 juin à Hanoi, en présentiel et en ligne.
Selon un protocole d’accord signé entre les deux parties, la coopération expérimentale devrait avoir lieu de novembre 2019 à mars 2020. La superficie de la zone d’essai est d’environ 2.000 m2. L’objectif est de démontrer l’efficacité de la conception et des technologies de traitement Smart BurnersTM pour l’assainissement des sols contaminés par la dioxine. Cependant, en raison de l’impact de l’épidémie de COVID-19, les tests ont eu lieu de janvier 2020 à avril 2022. La période de traitement officielle a commencé le 2 février et s’est terminée le 14 mars 2022.
Résultats : les dioxines ont été détruites ; les émissions répondent parfaitement aux normes du Vietnam, de l’Union européenne et des États-Unis ; il n’y a pas de fuite anormale pendant le processus de traitement ; les paramètres de surveillance de l’air sont conformes aux normes. L’efficacité de destruction de la dioxine est de plus de 99% et la terre traitée peut être réutilisée.
Selon le général de division Ha Van Cu, commandant de l’Armée chimique, les résultats ci-dessus ainsi que d’autres activités de test de technologies de traitement de la dioxine ont créé une prémisse pour que le ministère de la Défense, le ministère des Sciences et des Technologies et les agences compétentes puissent sélectionner des technologies la plus faisables pour appliquer dans la décontamination de la dioxine à l’aéroport de Bien Hoa ; construire des bases et des infrastructures technologiques et techniques pour faire face à la pollution par la dioxine à l’échelle nationale.
L’ambassadeur de Belgique au Vietnam, Paul Jansen, a remercié le gouvernement belge, NACCET et les habitants pour leur soutien à ce projet pilote pour atteindre les résultats satisfaisants. L’ambassadeur a déclaré que la Belgique était prête à transférer des technologies de traitement de la pollution par la dioxine au Vietnam.
Au cours des dernières années, le Vietnam s’est coordonné avec des partenaires internationaux pour mener à bien de nombreuses activités de recherche, d’enquête, d’évaluation et de traitement de l’environnement contaminé par des produits chimiques toxiques dans de nombreuses localités à travers le pays. Des centaines de milliers de mètres cubes de sol contaminé à la dioxine aux aéroports de Bien Hoa et de Phu Cat ont été enterrés et isolés. Environ 150.000 m3 de sol et de sédiments contaminés par la dioxine à l’aéroport de Da Nang ont été désinfectés . –VNA
Un dîner solidaire pour une victime de l’agent orange à Paris
25/06/2022
Juste des nems, des salades, du poulet rôti, du riz, du bouillon à la viande et du porc au caramel, mais ces plats ont rapporté une partie de l’argent pour soutenir le procès de Mme Trân Tô Nga. C’est l’une des nombreuses activités de collecte de fonds en France pour soutenir sa lutte pour la cause des victimes de l’agent orange/dioxine au Vietnam.
Plus de 90 personnes se sont mis à la table, le 24 juin au Foyer du Vietnam dans le 5e arrondissement de Paris. Il s’agit du dîner solidaire donné par le Comité de soutien à Mme Trân Tô Nga qui souhaite collecter de fonds pour son procès contre des firmes chimiques américaines. En particulier, le repas a attiré, entre autres, la participation de l’ambassadeur du Vietnam en France Dinh Toàn Thang, de la députée Sandrine Rousseau, militante du parti Europe Écologie Les Verts (EELV), du maire de Choisy-le-Roi, Tonino Panetta, et un grand nombre de représentants d’associations de soutien aux victimes vietnamiennes de l’agent orange/dioxine.
Tom Nico, membre du comité d’organisation, a précisé qu’il s’agissait du troisième repas, après les deux premiers qui ont eu lieu en mars et en mai à Paris, pour récolter des fonds pour soutenir le cas de Trân Tô Nga. « Pour suivre ce procès, il y a beaucoup de frais de traduction, d’appel, de voyages des avocat bénévoles…, c’est pour ça qu’on a voulu organiser ces trois repas pour montrer que la campagne est continue et qu’on est derrière Nga pour la soutenir jusqu’au bout dans son combat », a expliqué Tom Nico.
Mme Trân Tô Nga, pour sa part, a exprimé sa joie et son émotion en voyant un grand nombre d’amis français et vietnamiens d’outre-mer assister à cet événement. Elle a déclaré que c’est un « grand honneur et un encouragement » pour elle dans cette longue et ardue bataille. « Cela montre la volonté et l’énergie de ceux qui aiment la justice. Pour la cause des victimes de l’agent orange, ils ont soutenu le procès de Trân Tô Nga, pas à cause de moi-même. Leurs actions de soutien sont tellement significatives et je suis très reconnaissante à tout le monde » a-t-elle partagé.
Quant à l’ambassadeur du Vietnam en France Dinh Toàn Thang, il qualifie Mme Trân Tô Nga d’une femme « courageuse, déterminée et résiliente » dans la lutte pour la justice pour les victimes de l’agent orange/dioxine, et aussi d‘un « exemple typique » pour la communauté vietnamienne en France. Il a affirmé : « En venant ici aujourd’hui, nous voulons nous tenir à ses côtés et espérons également qu’elle poursuivra son chemin et sera également le noyau de rassemblement de la communauté vietnamienne en France dans un combat pour la justice. »
Le repas de solidarité a pris du sens avec la participation de la députée française Sandrine Rousseau, une militante au sein du parti Europe Écologie – Les Verts (EELV), qui a souhaité que les Français sachent les conséquences de l’agent orange/dioxine sur l’homme et l’environnement et soutiennent les victimes. Admirative du courage d’une « petite femme qui a attaqué de très grosses entreprises », la députée Sandrine Rousseau n’a pas hésité à exprimer son soutien : « C’est un peu le pot de terre contre le pot de fer. Il n’y a pas beaucoup de poids par rapport aux grandes entreprises, mais pour l’instant elle arrive à tenir ça. Donc, elle gagnera son combat si derrière elle, on emmène l’opinion public. Parce qu’on sait que ces entreprises ont été très compromise avec bien de pollutions dans le monde, avec bien de problèmes de santé dans le monde. Donc, évidemment je suis là, et je suis très heureuse d’être là ».
Le combat se poursuit
Mme Trân Tô Nga, une femme octogénaire française d’origine vietnamienne est actuellement porteuse d’un cancer, des séquelles à la suite de l’agent orange/dioxine qu’elle a contracté en 1966 alors qu’elle était journaliste à l’Agence d’Information de Libération travaillant sur le champ de bataille du Sud.
Au cours des huit dernières années, elle combat toujours contre les entreprises chimiques qui ont produit et vendu l’agent orange/dioxine utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam, notamment Monsanto et Dow Chemical, pour exiger justice pour les victimes. À la mi-juin, la première session de la Cour d’appel s’est tenue à Paris pour entendre l’appel de Mme Trân Tô Nga après que le tribunal français d’Evry a décidé de rejeter son affaire lors de l’audience de première instance du 10 mai 2021. D’ici au deuxième trimestre 2023, il y aura des débats de contre-arguments entre les deux parties, avant d’entrer en session contentieuse au Tribunal de Paris.
Le combat de Trân Tô Nga pour la justice et les victimes de l’agent orange/dioxine est encore long. « Vos dons, sa force ! Trân Tô Nga, en procès contre 14 multinationales américaines ayant produit ou livré l’agent orange/dioxine déversé au Vietnam entre 1961 et 1971, a besoin de votre soutien financier ». C’est l’appel des associations membres du Comité de soutien à Madame Trân Tô Nga, qui comprennent l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne (AAFV), l’Association française pour l’expertise de l’agent orange et des perturbateurs endocriniens (AFAPE), l’Associations Républicaine des Anciens Combattants (ARAC), Cap Vietnam, le Centre d’Information et de Documentation sur le Vietnam contemporain (CID Vietnam), Collectif Vietnam-Dioxine, le Fonds d’alerte contre l’agent orange/dioxine (FaAOD), le Village de l’amitié de Vân Canh, Orange DiHoxyn, Song Viêt, l’Union Générale des Vietnamiens de France (UGVF) et Vietnam – les Enfants de la Dioxine (VNED).
Texte et photos : Thu Ha NGUYEN/CVN
« L’analyse des conséquences économiques des guerres doit mieux prendre en compte les effets de long terme sur la santé publique »
28/06/22
Sébastien Lechevalier, Directeur d’études à l’EHESS, est chercheur à la Maison franco-japonaise de Tokyo (UMIFRE 19) et au Canon Institute for Global Studies
Deux économistes ont montré que, trente ans après son épandage par l’aviation américaine, l’agent orange provoque plus de handicaps parmi les femmes pauvres et les minorités ethniques, rapporte, dans sa chronique, Sébastien Lechevalier, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, et chercheur à la Maison franco-japonaise de Tokyo.
Quelles sont les conséquences des guerres pour l’économie ? Les recherches montrent que, en dehors des effets de court terme, désastreux en matière de pertes humaines et de destructions, l’impact de long terme sur la croissance est neutre, voire positif. En revanche, rares sont les études qui analysent les effets de long terme sur la santé, physique et psychique, non seulement des anciens soldats mais aussi des civils, de leurs familles et de leur descendance.
C’est tout l’intérêt de l’étude réalisée par deux économistes japonais et vietnamiens sur les effets de long terme de l’épandage de l’agent orange par l’aviation américaine, pendant la guerre du Vietnam, sur la prédisposition des populations touchées à développer des handicaps (Long-Term Effects of Vietnam War : Agent Orange and the Health of Vietnamese People After 30 Years, Trong-Anh Trinh et Nobuaki Yamashita, Asian Economic Journal, n°36/2, juin 2022).
Au total, selon les données du département américain de la défense, auxquelles ont eu accès les auteurs, ce sont plus de 75 millions de litres d’herbicides qui ont été déversés sur environ un quart du territoire du Vietnam du Sud, entre 1961 et 1971. Parmi eux, l’agent orange (contenant de la dioxine) est celui qui a été le plus utilisé par l’armée américaine pendant la guerre. L’une de ses spécificités est sa très longue durée de vie chimique. Ses effets sont persistants, une fois qu’il a été absorbé dans l’écosystème ; le transfert vers l’homme se fait alors principalement par la consommation de matière organique.
Parmi les nombreux effets dramatiques sur la santé de l’exposition à la dioxine observés au Vietnam, y compris pour ceux qui sont nés après la guerre, on peut citer le cancer et le diabète, mais aussi des malformations congénitales telles que le spina bifida (anomalie de la colonne vertébrale), des troubles cognitifs et des membres manquants ou déformés.
Groupes vulnérables
Pour mener à bien leur étude, les auteurs confrontent les données américaines géographiquement très précises d’épandage d’agent orange aux données vietnamiennes du recensement de la population de 2009, qui incluent des informations sur la prédisposition de handicaps chez les individus. Ils se focalisent sur les cohortes nées après la fin de la guerre (1975) dans les zones rurales, et comparent les régions fortement touchées et celles qui l’ont moins été, ce qui leur permet de mieux identifier les effets persistants liés à l’agent orange des autres conséquences plus directes de la guerre. Une autre difficulté pour mener à bien cette recherche est la migration des populations : c’est pourquoi ils se concentrent sur les individus qui n’ont pas déménagé récemment, et sur les minorités ethniques, qui sont moins mobiles.
Leurs résultats sont très clairs : l’impact négatif de l’agent orange est confirmé pour les populations des régions concernées plus de trente ans après la fin de la guerre, avec une plus grande prédisposition, significative, de handicaps de mobilité, d’audition et de mémoire. Ces effets sont concentrés chez les femmes, notamment celles des milieux sociaux les plus pauvres, qui semblent avoir eu un moindre accès aux dispositifs de santé mais aussi aux ressources éducatives. C’est tout particulièrement le cas pour les membres des minorités ethniques qui ont peu de possibilités de migrer en dehors de ces zones.
Les leçons à tirer de cette étude sont de deux ordres. D’une part, l’analyse des conséquences économiques des guerres doit mieux prendre en compte, outre les destructions matérielles et les pertes humaines, les effets de long terme sur la santé publique, y compris chez ceux qui sont nés après la guerre. D’autre part, les politiques de reconstruction d’après-guerre doivent mieux identifier les groupes vulnérables suivant des critères sociaux, ethniques et de genre, et diriger de façon ciblée les ressources vers eux, dans une stratégie de long terme. Ce qui est vrai pour le Vietnam l’est également pour le Proche-Orient, et pour l’Europe.
Tran To Nga, combattante pour la vérité sur l’utilisation de l’Agent orange
30/06/2022
Comme 4,8 millions de personnes, Tran To Nga a été exposée pendant la guerre du Vietnam à ce puissant défoliant utilisé par l’armée américaine de 1964 à 1973. Depuis, elle lutte pour que la responsabilité des groupes agro-industriels qui ont fourni le pesticide soit reconnue.
Guilherme Ringuenet
Sur la photographie prise en 1969 dans le maquis, Tran To Nga prend la pose avec, sur sa tête, un casque récupéré de l’armée américaine. Une longue natte tombe sur son bras. Ce qui surprend, c’est son regard. Six décennies plus tard, si les rides et les épreuves de la vie l’ont un peu adouci, la même détermination se lit dans ses yeux sombres. « Je me battrai jusqu’au bout », expose-t-elle de cette voix douce, qui contraste avec la ténacité de cette femme âgée aujourd’hui de 80 ans.
Fille d’une famille aisée, Tran To Nga naît en 1942 dans un territoire encore nommé Indochine. Ses parents sont de fervents militants de l’indépendance. Très jeune, elle sert de messagères pour transmettre, dissimulés dans son cartable d’écolière, des appels à manifester.
En 1966, dans le sillage de sa famille, elle s’engage comme résistante dans la libération du sud Vietnam. Journaliste pour l’agence de presse du Front national de libération du Sud-Viêt Nam, elle vit dans la jungle avec ses camarades Viêt-Cong. C’est là qu’elle est victime, la même année, d’un épandage de l’agent orange, ce puissant défoliant employé par l’armée américaine pour empêcher la végétation de servir d’abri à « l’ennemi » et provoquer la famine.
« Une pluie gluante »
Lors de sa première confrontation avec le produit toxique, Tran To Nga a vu « une pluie gluante » lui tomber dessus, suivie de violentes quintes de toux qui la secouent, comme elle l’écrit dans son livre Ma terre empoisonnée (Stock, 2016). La jeune femme sera douchée à plusieurs reprises par la dioxine. Au total, ce sont 80 millions de litres d’herbicide que les Américains déversent de 1964 à 1973.
Atteinte de nombreuses pathologies
« J’ignorais que c’était un poison qui allait provoquer de tels malheurs », raconte-t-elle. Très vite pourtant, elle en mesure les effets. En 1968, elle donne naissance à une petite fille dans la jungle. Viët Haï naît avec une malformation cardiaque et s’éteint à tout juste 17 mois. La combattante pour la libération aura deux autres enfants par la suite. L’une est atteinte d’alpha-thalassémie, une maladie génétique, l’autre de chloracné. Nga, elle-même est atteinte de nombreuses pathologies dont un cancer. Après la guerre, elle devient directrice d’école, puis se lance dans l’humanitaire. Son action lui vaudra d’être décorée de la Légion d’honneur par Jacques Chirac. Au début des années 2000, c’est en visitant un centre pour les victimes de l’agent orange qu’elle prend conscience des effets à long terme du produit chimique. Depuis, elle n’a qu’une volonté : que justice soit rendu aux victimes et à leurs descendants.
4, 8 millions de personnes exposées
Selon l’Association vietnamienne des victimes de l’Agent Orange-dioxine (Vava), 4, 8 millions de personnes ont été directement exposées au défoliant et plus de 3 millions en subissent encore les conséquences. « Des centaines de milliers d’enfants, des 3e et 4e générations d’après-guerre, vivent avec ces malformations (absence de membre, cécité, surdité, tumeur externe) », relève la Vava.
Commence alors pour celle qui partage sa vie entre le Vietnam et la France un combat de longue haleine qui n’est pas sans rappeler celui de David contre Goliath. Tran To Nga porte plainte en 2014 contre Bayer, Monsanto, Dow Chemical… Au total, pas moins de 14 géants de la chimie. En 2021, un procès s’est tenu à Évry (Essonne). Le tribunal s’est déclaré incompétent pour juger sa plainte. Qu’à cela ne tienne ! Pour Tran To Nga, « la justice a déjà gagné. Lorsque j’ai commencé mon combat, personne ne savait ce qu’était l’agent orange ».
La relève des jeunes générations
Son comité de soutien regroupe de nombreux collectifs et associations comme Amitié Franco-Vietnamienne (AAFV), l’Association française pour l’expertise de l’agent orange et des perturbateurs endocriniens (AFAPE) ou encore, Vietnam Dioxine. Surtout, dans sa lutte, Nga a été rejointe par de nombreux jeunes sensibilisés à sa cause grâce aux réseaux sociaux.
C’est notamment le cas d’Alex. Le Breton de 29 ans a été adopté enfant au Vietnam. Rejoindre la lutte de Tran To Nga est « un moyen de renouer avec mes origines. Je sais qu’il y a eu d’autres enfants adoptés comme moi porteur de maladies, relate l’ingénieur de formation. Jusqu’à ce que je l’entende parler en 2018, je n’étais pas au courant des désastres causés par l’agent orange ». Le jeune homme juge l’action menée par Tran To Nga « inspirante. Ce n’est pas pour elle qu’elle veut la justice, mais pour tout le monde. Elle se bat aussi pour l’environnement », note-t-il en faisant référence aux épandages de l’armée américaine qui ont détruit 20 % des forêts du sud du Vietnam et pollué 400 000 hectares de terres agricoles.
« Nga représente une convergence des luttes », abonde de son côté Mat, une étudiante lilloise qui a participé à plusieurs marches environnementales. « Elle a beaucoup de courage et est très humble, constate de son côté Orian, 21 ans et étudiant à Sciences Po Paris. Elle n’a pas de colère personnelle même si elle a perdu un enfant. » « Elle est insubmersible malgré les épreuves et toujours fidèle à son combat. Elle parle au cœur des gens. C’est pour cela que les jeunes la suivent désormais », s’enthousiasme Thuy Tien Ho, une proche de Nga et auteure d’un documentaire sur l’agent orange.
Vers un nouveau procès ?
En juin 2022, les avocats de la Franco-Vietnamienne ont fait appel sur la question de l’immunité de juridiction à la suite de la décision en première instance du tribunal d’Évry.
De longs mois sont à prévoir avant, qu’éventuellement, un nouveau procès ait lieu pour juger le fond de l’affaire. Consciente qu’à 80 ans, une course contre la montre est engagée, la militante se veut pourtant optimiste. « Avant, je me demandais : si je disparais qui va se battre pour la justice ? Maintenant, j’en suis consciente. Je ne suis plus seule à demander justice. Mon combat survivra et cela me rassure. »