On ne trouve pratiquement aucune interview, presque pas d’articles de presse sur lui, pourtant c’est un grand témoin et un acteur majeur de l’histoire du mouvement patriotique des Vietnamiens de France : 1er président de l’Union des Etudiants Vietnamiens en France , association créée  après des années de clandestinité, traducteur-interprète des porte-paroles des délégations du VN à la conférence de Paris, le seul Việt kiều (VK) nommé conseiller d’ambassade à New York et à Paris, PDG  d’entreprise VK fondée pour contourner l’embargo américain, directeur du journal de l’UGVF Đoàn Kết…

 Anh Nghiệp idole, c’est l’icône de nos années de jeunesse, par son parcours de vie atypique avec ses multiples qualités, talents et facettes.
A la fin des années 50 et début de la décennie 1960, pour nous, jeunes étudiants en France, ce fut le début de l’engagement militant au sein de ce qu’on appelle phong trào (mouvement). Ce fut comme disait le poète Tố Hữu :

Un homme attentionné, gentil, prévenant, il se préoccupait de tout ce qui concernait la vie des camarades du phong trao et de leur famille.  

Après la mort de anh Lâm, un dirigeant du mouvement de Montpellier, Anh Nghiệp a fait monter les deux filles de ce dernier à Paris pour les faire travailler à Parexim.

En 2001 lors de la remise des Médailles de la Résistance à l’ambassade, dans son discours de remerciement, il a rendu un vibrant et émouvant hommage à chi Linh son épouse dévouée qui l’avait toujours soutenu pendant toutes ces années où il s’absentait souvent pour des missions officielles au service du pays. A cette époque dans le milieu VK on ne doit pas parler de soi et encore moins de sa famille. Anh Nghiệp l’a fait quand même.

Discret mais rebelle quand il le fallait pour manifester ses convictions.

Dans les années 1990 il avait écrit au Mặt Trận Tổ Quốc (Front de la Patrie du Vietnam) pour poser sa candidature aux élections, pour soulever la question de l’implication citoyenne des VK. Cet acte fut qualifié de « politiquement incorrect » mais Anh Nghiệp l’a assumé.

C’était quelqu’un qui avait plusieurs cordes à son arc

Rappelez-vous, comme soliste de la chorale, il avait interprété à Maubert Mutualité avec sa belle voix de baryton, l’air célèbre de Du Kích Sông Thao que sa fille Diệu Khánh chantera 50 ans après au Têt de l’UGVF avec Hợp Ca Quê Hương.

Il avait fait des études de géologie (doctorat 3e cycle) mais également Sciences Po Paris, école réactionnaire selon les normes du phong trào de l’époque.

Au café l’Etoile d’Or, rue du Cardinal Lemoine où nous nous retrouvions le midi, car le siège de Liên hiệp Việt kiều (l’UGVF de l’époque) était fermé, l’association interdite, il n’était pas facile à battre aux flippers.

Anh Nghiệp, c’est tout cela et plus encore ; par son parcours et ses qualités humaines, on pourrait dire de lui :

C’est probablement le meilleur d’entre nous